jeudi 15 octobre 2009

Mémoires de guerres...



Assise sur un matelas, la peur au ventre, partagée entre l’envie d’aller toucher ce qui me bouffe (l’argent) et mes neurones qui luttent pour ne pas ressentir, mon regard se pose singulièrement sur mes jambes. Vieilles. Dures. Insensibles. Déchirante vision. J’comprends pas. J’me sens pas très bien. Je bascule. Je ferme les yeux. Pas de son. Des images. Carnage. La guerre court à pas de soldats. Mon regard rase un champ de vision incertain. Pas de corps. Pas de visages. Des pieds et jambes en uniforme s’affolent. Mémoires de guerres. Ça fait mal. C’est à peine croyable. Et pourtant… C’est quasi constant. Ça vit en moi. Passé, présent. Les explosions, bombardements… Les coups de grisous qui ont rendu les femmes de mineurs en perpétuelle attente de non-retour, mes grands-mères, terrorisées par la peur d’une annonce catastrophe, « il ne reviendra pas, il est dans la fosse avec les copains. Tu ne verras plus ce visage noir de charbon, ce sourire lilial, ses yeux pétulants d’arcanes souterrains ». J’avais oublié. Oublié. Oublié d’où je viens. Germinal. L’enfer.

Mémoires de guerres, explosions, bombardements, coup de grisous… Ne m’appartiennent pas. En travaillant physiologiquement sur ces mémoires, mon corps s’apaise, se libère. Agréable sensation de ne plus être habitée, agréable sensation de sérénité. Une réconciliation avec un passé ancestral qui m’explosait et qui laisse la traversée du pont, libre, pour passer du côté de ma vie.