vendredi 11 septembre 2009

Vaccination

6 ans. Petite boule rousse s’en va en vaccination. Dispensaire. Peur. L’odeur de l’éther, les fauteuils synthétique à claire-voie d’une grande laideur, pas de couleur, pas de déco, c’est vraiment pas beau. Des grandes personnes à la blouse blanche s’activent. Beaucoup d’enfants et leur maman attendent. Vaccins. Angoisse de l’aiguille. Ma bonne humeur de petite fille chancèle. Seule. 6 ans. Assise dans un fauteuil en plastique, je tétanise. Je baisse les yeux. J’veux pas voir. J’veux pas qu’on m’pense abandonnée de ma maman. Elle est pas là. Elle travaille pour gagner de l’argent. Les autres enfants n’ont pas l’air plus heureux que moi, mais ils ont leur maman pour eux, un doudou que je n’ai pas dans les bras, des bonbons pleins de couleur, des bisous… C’est doux.

C’était il y a quelques jours. Quelques lignes commençaient à se dessiner sur l’histoire d’un vaccin qui a mal tourné. Une semaine alitée, la fièvre à plus de 40, paralysée par le choc d’une aiguille venue piquer mon dos, par le choc d’une injection chimique. DTPOLIO. Les années ont passé, le choc mémorisé, la partie gauche de mon corps comme anesthésiée, j’ai adopté cette perte de ressenti et me suis lancée dans la vie.

Le travail en profondeur libère mes muscles, mes membranes… Mon audition… Ca fait mal, c’est super désagréable au point de m’dire « putain » j’me sentais mieux avant, j’ressentais rien. Pas de douleur. Jamais. C’était normal, voire confortable. Personne ne m’disait rien. Juste le « prends ton carnet d’santé et va te faire vacciner, c’est obligé, y’ a pas à discuter, c’est contre les maladies graves ». Maladies. Grave ? 6 ans. J’vais mourir. Mes sanglots n’y pouvaient rien changer, je partais tête baissée, les yeux blessés, les chaussettes sur mes souliers. Flippée…


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